Etat de droit
L'étude de novembre 2008 / mars 2009
Les « arguments » les plus utilisés pour défendre l'idéologie anti-sanction à l'école
Cette posture négative sous forme de postulat non négociable, facilement moralisateur ou accusateur, ressemble plus
à un réflexe grégaire qu'à une réelle volonté de comprendre la problématique du changement
comportemental. Elle s'exprime par exemple ainsi : la sanction n'est pas la solution — cela ne changera
rien de sanctionner — c'est horrible ! — ce n'est pas par la répression que l'école
ira mieux — punir
c'est la preuve de l'échec... A vrai dire, point d'argument ici : plutôt un retranchement, la défense d'une
position dont on ne connaît plus ni les tenants ni les aboutissants mais que l'on continue de tenir par soumission à
la pensée unique, par docilité, un peu comme des soldats qui obéissent aux ordres de leur état-major en ne sachant plus
pourquoi ils se battent. Certains ont d'ailleurs arrêté de se battre : ils ont « baissé les bras », dixit
les autres. Mais le problème de ces derniers, qui « ne les baissent pas », c'est que dans un environnement
où l'autorité à l'école est régulièrement contestée ils n'obtiennent guère de bien meilleurs résultats...
Les professeurs d'aujourd'hui — qu'il nous faut défendre absolument et Etat de droit s'y emploie
chaque jour — sont parfois pétris de contradiction ! Ils vont par exemple pester contre certains élèves mal éduqués
mais refusent toute idée de sanction disciplinaire. Ils vont expliquer que l'amour de leurs élèves est incompatible avec
la punition, en acceptant finalement de voir leurs élèves se punir entre eux de façon beaucoup plus expéditive,
arbitraire et injuste que ne le feraient des adultes responsables, s'ils en avaient gardé le pouvoir...
Ils vont clamer haut et fort qu'ils «
ne baissent pas
les bras » mais refusent toute évolution du système actuel en termes d'autorité à l'école alors même que
nous disposons aujourd'hui de vingt ans de recul qui nous prouvent à l'évidence que ce système dysfonctionne gravement.
On dit aussi les professeurs peu malléables mais ils sont sans doute moins indépendants d'esprit qu'ils ne le pensent
eux-mêmes : il n'est pas rare d'entendre un professeur en formation à l'IUFM (Institut Universitaire de Formation des
Maîtres) réciter avec certitude — sans aucune preuve expérimentale sérieuse et vérifiée
— tout le dogme anti-sanction qu'il ou elle vient d'entendre de la bouche d'un professeur en sociologie
ou en « science de l'éducation », pour ne plus jamais le remettre en question... C'est en cela
qu'Etat de droit parle de lavage
des cerveaux : il est plus commode de répéter ce que l'on a entendu, même dix ou vingt ans auparavant,
plutôt que de réfléchir de façon rationnelle et sur la base des retours d'expérience.
Ce réflexe
anti-sanction de base, irréfléchi, craintif, dogmatique, est présenté en premier car
c'est probablement celui qui revient le plus massivement à la moindre évocation d'une
réintégration
équilibrée de la sanction à l'école et particulièrement à l'école primaire. Pourquoi même peut-on parler
de réflexe conditionné ? Parce que toutes les expériences — quand on veut bien se donner
la peine de les regarder en face — démontrent qu'à partir du moment où l'on n'omet pas un minimum d'amour (à
l'égard de ses enfants) ou de bienveillance (à l'égard des élèves) ou de considération (à l'égard de tout le monde),
la sanction est le plus efficace des moyens d'action pour résoudre les problèmes de grandes transgressions
comportementales ou de non-respect systématique des règles. Les exemples ne manquent pas, que l'on pourra retrouver ça
et là dans différentes pages du site Etat de droit ou sur le Net :
— C'est à la suite d'un grand renforcement effectif des sanctions que l'on a
enregistré une baisse très significative du nombre de victimes sur les routes de France.
— Les quelques rares tentatives expérimentales de sanction financière à l'encontre
de l'absentéisme scolaire menées en France ont tout de suite démontrées une grande efficacité.
(Malheureusement on n'en a pas encore tiré la leçon en terme de politique publique...)
— Les rares expériences un peu extrêmes réalisées avec des adolescents très difficiles, considérées comme
réussies du fait d'un changement de comportement positif de ces adolescents, consistèrent à placer ces derniers dans
des conditions très contraignantes et inconfortables ; rien à voir avec un renvoi d'un ou deux
jours de l'école !
— Lorsqu'un professeur retrouve ponctuellement un petit pouvoir de pression, lorsqu'une directrice
d'école explique à des parents potentiellement très protestataires qu'elle est en train de préparer les dossiers de
passage en 6ème de leurs enfants (en 6ème classique ou en SEGPA),
comme par hasard (!) ledit professeur ou ladite directrice d'école retrouvent un regain d'autorité vis-à-vis de
leurs élèves ou des parents de leurs élèves...
— Et l'on pourrait encore évoquer toutes ces situations qu'au fond nous avons tous plus ou moins connues
(que ce soit en position de donneur de sanction ou de receveur de sanction, que ce soit à la maison ou à l'école)
où, à la suite d'une punition légitime, un comportement a changé dans le sens d'un plus grand respect des règles.
En somme, croire que les comportements à l'école ne changeront pas avec un regain de sanction,
c'est nier tout ce qui se constate expérimentalement ! Les Français ne se sont-ils pas adaptés aux
nouveaux radars automatiques sur les routes ou à l'interdiction de fumer dans les lieux publics ? Alors en quoi les enfants
— bien plus malléables que les adultes — ne pourraient-ils donc jamais s'adapter à rien ? Il faut une sacrée
dose d'idéologie anti-sanction dans la tête, et de défaitisme dans le cœur, pour maintenir coûte que coûte cette
position de déni permanent ! Pour ce qui est de l'école, Etat de droit a déjà indiqué depuis longtemps
en quoi, après une nécessaire période d'adaptation, la sanction modifierait
les comportements à l'école dans le sens d'un plus grand respect des règles et d'autrui. Car voilà : lorsqu'une
sanction potentielle est clairement annoncée à l'avance et qu'elle apparaît dissuasive, les expériences réalisées montrent
amplement qu'avec la proximité de cette sanction les comportements changent.
En revanche, si l'on ne commence jamais à « bousculer » un peu les mauvais comportements à l'école, on peut
être sûr qu'ils continueront de se développer avec un niveau de gravité qui ne cessera de croître.
2006-2009 © Etat de droit / Jean-Yves Willmann