Etat de droit
MATER OU MATERNER ? |
Où positionner le curseur de la sévérité à l'école ? Si la question des moyens financiers est récurrente chez les syndicats de l'Education nationale, les moyens d'ACTION (le pouvoir de décider, d'exiger, punir ou sanctionner, agir en urgence…) sont totalement oubliés. Les années 1985 à 2000 auront débordé de ces mesures anti-autorité mises au jour sur Etat de droit. Les présentes propositions de réforme de l'éducation visent à augmenter les moyens d'ACTION des professionnels de l'école. Ces moyens-là ne coûteraient rien à l'Etat, entraînant même d'immenses économies d'argent, d'énergie et de victimes.
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Parler désormais DES enfants, de leurs droits et devoirs à l'égard de leurs parents, professeurs et de tout autre enfant. Défendre avec ce nouveau texte le projet d'une Convention internationale pour le bien-être durable des enfants, qui remplacerait l'actuelle Convention des droits de l'enfant (bien-être étant préféré à droits et enfants à enfant). En superviser les présentations destinées aux enfants, qu'elles soient le fait de l'Education nationale en France ou de toute instance internationale œuvrant en faveur de l'éducation des enfants et de la protection de l'enfance dans le monde.
Pour être légitimement exercé, ce pouvoir doit impliquer une majorité de professeurs et le directeur d'école ou chef d'établissement (ou adjoint) et quelques représentants des autres personnels de l'Education nationale. Sa portée serait limitée dans les petits établissements en raison du faible nombre de personnes susceptibles de l'exercer.
Un directeur d'école pourrait exiger la maîtrise de certains acquis comportementaux de base à l'entrée en école maternelle ; un principal ou un proviseur pourrait prononcer, seul, une sanction pouvant aller jusqu'à un mois de renvoi à l'encontre d'un élève et ne serait plus tenu d'en informer sa hiérarchie de l'Education nationale (du moins jusqu'à un certain point, ces nouvelles prérogatives institutionnelles comportant des limites).
Afin d'atténuer les fortes disparités qui perdurent entre Paris et le reste de la France, le nouveau barème serait le suivant : ¼ de décharge pour les directions d'école de 3 ou 4 classes, une demi-décharge pour les directions d'école de 5 à 7 classes, ¾ de décharge lorsque l'école comprend 8 ou 9 classes, décharge totale à partir de 10 classes. (Des aménagements seraient prévus en cas de classes chargées ou situations particulières.) En contrepartie, les directeurs accepteraient que leur rôle soit renforcé en matière d'autorité à l'école, de surveillance et discipline, secondant autant que possible leurs collègues de l'éducation nationale pour tout problème d'irrespect grave, de violence, dégradation matérielle ou conflit récurrent entre élèves de l'école.
Chaque professeur, dans l'exercice de ses fonctions au sein de l'Education nationale, aurait désormais le droit de : retenir un élève du primaire par le bras (s'il essaye de se soustraire à une réprimande), immobiliser un élève qui en agresse un autre (dans la mesure du possible), renvoyer un élève jusqu'à deux jours d'affilée (dans certaines limites), participer à l'activation du pouvoir collégial, etc.
Toute décision scolaire prise au nom de l'Education nationale ne pourrait plus faire l'objet de recours devant les tribunaux mais simplement d'un appel auprès de la hiérarchie de l'Education nationale (pour une sanction supérieure à 15 jours de renvoi).
Faire entendre par sanction institutionnelle une sanction juste et véritable, c'est-à-dire proportionnelle, bienveillante, et dissuasive ; souligner l'opposition entre contrainte arbitraire et contrainte institutionnelle ; relever le caractère éminemment préventif des simples punitions ou sanctions mineures, lorsqu'elles sont bien sûr justifiées.
Cet inventaire mettrait en relation des catégories de fautes ou infractions d'élèves avec des fourchettes de sanctions correspondantes, suivant un principe de tarification (ou barème) tenant compte de l'âge et des circonstances. En incitant ainsi à l'harmonisation, il contribuerait fortement à combattre l'arbitraire, à réduire les vraies injustices autant que le sentiment d'injustice lui-même.
›› exemple d'un inventaire des sanctions
[réforme de l'éducation]
On ne pourrait plus en bénéficier pour « manquements graves et répétés au règlement intérieur » ni en cas de « forte agressivité » ni pour toute raison comportementale du même type (auxquels cas on optera pour des sanctions dissuasives). Cette restriction — officialisée par une simple circulaire de l'Education nationale — serait guidée par le souci de ne pas récompenser les auteurs de faits graves, étant donné le réel privilège que constitue une admission dans ce type de structure. Elle s'accompagnerait également d'une recommandation nationale, d'ordre général, incitant à ne pas primer les incivilités.
Instaurer un nouveau type de renvoi de l'école : le renvoi ferme à l'année. (=> Perte du droit de fréquenter toute école publique ou sous contrat jusqu'à la rentrée suivante). Ce renvoi ferme interviendrait dans deux cas de figure : au deuxième renvoi définitif, s'il intervient moins de 18 mois après le premier ; lorsqu'à la suite d'un premier renvoi définitif aucun effort de réintégration ne serait entrepris par l'élève renvoyé ou sa famille, selon la Proposition E12 ci-dessous (exigence d'effort à l'Education nationale).
Leur prise en charge pourrait être transdisciplinaire : se faire sous la responsabilité d'éducateurs spécialisés, professeurs volontaires, militaires formateurs, etc., dans des locaux sécurisés. En parallèle, les Centres Educatifs Fermés (CEF) seraient supprimés. Un début de formation professionnelle pourrait leur être proposé en fonction de la durée du séjour et de leur bon vouloir, l'objectif central consistant à leur éviter de terminer leurs jours en prison.
Note |
Conçue en 2003, communiquée début 2004 avec d'autres, légèrement remaniée en 2022, cette idée de réforme de l'éducation doit se comprendre dans le contexte des autres, la Proposition E8 ne l'autorisant que dans les cas de récidive d'actes graves à l'école. |
L'élève renvoyé aurait à solliciter un entretien par écrit, en en précisant l'objet, auprès de quelques chefs d'établissement figurant dans une liste fournie par l'académie. Ces derniers accorderaient l'entretien mais resteraient libre de leur décision. En cas de refus multiples, l'élève renvoyé devrait alors solliciter l'intervention de l'inspecteur d'académie, qui ferait en sorte de le réintégrer d'autorité dans un nouvel établissement de l'Education nationale. Le but final ici consisterait à responsabiliser l'élève fautif en exigeant de lui qu'il participe activement aux efforts accomplis en sa faveur par l'Education nationale.
La restitution pourrait être totale ou partielle, et suivrait une procédure [détaillée dans l'énoncé complet] suffisamment rigoureuse pour éviter les injustices. Sa raison d'être serait de lutter contre les dysfonctionnements liés à une insuffisance lourde et chronique de matériel scolaire (qui devrait d'autant moins avoir cours que l'ARS existe). Du reste, en cas de non perception de l'ARS, cette restitution serait remplacée par une amende.
[réforme de l'éducation]
La restitution serait alors totale, ou l'amende, égale à 250 € (en l'absence d'ARS ou en cas de perception partielle inférieure à 200 €). Cette sanction tomberait soit précisément au quinzième jour, après plusieurs renvois de courte durée, soit dès la prononciation d'un renvoi supérieur à deux semaines décidé au nom de l'Education nationale.
Indispensable contrepoids aux autres mesures, il s'agirait ici de pouvoir sanctionner les professionnels fautifs : à hauteur des fautes commises et après en avoir précisément définies un certain nombre (de manière à réduire là encore tout risque d'arbitraire). On pourrait se baser sur l'Inventaire des sanctions à l'école pour en faire un deuxième plus simple, destiné aux professionnels de l'Education nationale. On y prévoirait jusqu'à la révocation pour faute lourde et avérée, ou quantité de fautes après avertissements. Aussi faudrait-il faire évoluer le Code de la fonction publique en ce sens et créer — en concertation avec syndicats, représentants des personnels et parents d'élèves — un petit code de déontologie à l'usage de tous les professionnels de l'école.
Il s'agirait de sanctionner toute forme de racisme ou discrimination autant que les accusations calomnieuses visant à nuire ou déstabiliser pour obtenir des passe-droits, qu'il s'agisse d'accusations de racisme à tort ou de tout type d'accusation erronée (via la rumeur y compris) : fausse accusation de vol, violence, etc.
Réaffirmer que l'élève ne saurait être l'égal du professeur. Concrétiser cette assertion par de nouvelles recommandations de l'Education nationale. Supprimer à cette occasion le conseil des délégués pour la vie lycéenne. Remodeler la composition et le fonctionnement des conseils de discipline (dans le sens de la Proposition E2 ci-dessus). Proscrire enfin l'emploi des « médiateurs » dans toute enceinte de l'Education nationale, en veillant cependant à ce que les professeurs répondent aux demandes d'entretien individuel.
A cet égard, encourager dans les écoles maternelles et élémentaires, de temps à autre, la production de petites phrases visant à faire réfléchir les écoliers sur les notions de Bien et de Mal, le personnel de l'Education nationale étant invité à trouver une ligne commune dans chaque école puis à promouvoir le Bien tel qu'il aura été, sinon bien défini, du moins appréhendé collectivement dans ses contours les plus évidents.
Abandonner les formules « contrat pédagogique », « communauté éducative », « projet citoyen », « conseils » d'élèves en tous genres... En revenir à l'appellation : Ministère de l'Instruction Nationale. Remplacer le Code de l'éducation (code de l'Education nationale) par un Code de l'instruction tenant compte des présentes propositions.
Les bacheliers postulants, futurs professeurs d'écoles maternelles, s'engageraient vis- à-vis de l'Education nationale à exercer en école maternelle à l'issue d'une formation de deux ans (ne pouvant préparer leur concours en candidats libres). Cette formation garderait un tronc commun avec celle de professeur des écoles mais serait plus orientée vers la langue orale, la calligraphie, l'orthographe d'usage, la gestion du groupe-classe, la connaissance des besoins spécifiques du jeune enfant et d'activités pédagogiques.
Deux ou trois types de micropunitions devraient pouvoir être discutées dans un petit nombre de cas. Evidemment, la punition à l'encontre du jeune enfant doit toujours rester très mesurée et toujours expliquée. Mais dès lors que les conditions de son exercice seraient réunies, les parents devraient être déculpabilisés à cet égard. En parallèle, il va de soi que les gestes connus pour leur dangerosité seraient régulièrement rappelés aux nouveaux parents : ne jamais secouer un jeune enfant, etc.
[réforme de l'école]
Ces évaluations, désormais, serviraient à la décision de passage en cycle 3 ou au collège. Elles ne constitueraient pas un examen à proprement parler, les maîtres restant libres de leur choix, mais un résultat négatif permettrait de justifier objectivement une demande de redoublement ou d'orientation. Ce nouveau type d'évaluation nationale ne se réduirait pas à un QCM et comprendrait des exercices techniques, surtout en français et mathématiques : lecture-déchiffrage, utilisation d'un dictionnaire, recopiage, petite dictée ou production écrite, comparaison de nombres, calculs simples, tables, habileté manuelle, propreté (fin CE1) ; lectures, compréhension, vocabulaire, production écrite, dictées, connaissance du monde, calculs, techniques opératoires, problèmes (fin CM2).
Note |
Redoublement : cette proposition de réforme de l'école primaire, présentée en mars 2007, fut un compromis entre le retour à un examen formel prôné par les uns et la résistance des autres, tout en visant l'adéquation entre le niveau de classe théorique et le niveau réel des élèves. |
Dans la continuité et la logique (hiérarchique) de la Proposition E16, il y serait précisé que tous les textes ne se valent pas, que les différentes façons de s'exprimer ne se valent pas toutes non plus selon le contexte : discussion entre amis, relations avec les agents institutionnels, entretien d'embauche... Mission serait donnée aux professeurs de fournir aux élèves des exemples, des explications, comme celle consistant à démontrer la richesse lexicale d'un écrit (par rapport à d'autres) et ce que traduisent implicitement certains niveaux de langage dans certains types de contexte.
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J-Y Willmann © Etat de droit depuis 2006