Etat de droit
L'étude de novembre 2008 / mars 2009
Les « arguments » les plus utilisés pour défendre l'idéologie anti-sanction à l'école
C'est la faute aux familles ! L'école n'y peut rien ! Elle n'est pas en cause ! Ici, nous renouons un peu avec
notre première tendance au défaitisme éducatif et scolaire de base,
quoique cette variante ait sa propre spécificité dans cette aimable façon de vouloir défausser l'institution
Education nationale de toute responsabilité.
Que l'on rejette une partie de la responsabilité sur les familles, soit. Cette responsabilité est parfois importante,
d'accord. Mais que cet argument soit utilisé comme prétexte pour exempter l'école française et les pouvoirs publics
français de toute responsabilité, c'est le plus sûr moyen de ne jamais régler aucun des problèmes de notre école...
Alors quoi ? L'école devrait ATTENDRE que les familles règlent leurs petits ou grands problèmes, et à ce moment-là
seulement elle acceptera elle aussi de se remettre un peu en question ?
Ce type d'attitude, si on la transférait au niveau de la politique de sécurité routière, cela donnerait :
tant que les constructeurs n'auront pas trouvé tel ou tel nouveau système de sécurité en cas d'accident, nous, l'Etat,
nous ne réparerons ni nos feux rouges, ni nos routes défoncées, ni notre signalétique obsolète ! Que les constructeurs,
EUX D'ABORD, fassent des efforts ! Que les automobilistes commencent par mieux conduire ! Et alors seulement,
nous, Ministère, pourrons commencer à réfléchir de notre côté !
Pour revenir à notre sujet, l'école, prenons maintenant un simple exemple que
beaucoup de professeurs auront pu constater : s'il fallait comparer un instant le comportement d'élèves français d'origine
étrangère et celui des élèves étrangers (venant tout juste d'arriver en France), que constaterait-on ? On ne va pas ici
trop faire de généralités, pour éviter de se faire immédiatement accuser de stigmatiser telle ou telle communauté...
MAIS on peut au moins affirmer cette grande tendance qui, normalement, ne devrait blesser personne : il
est excessivement rare qu'un élève étranger fraîchement arrivé en France — un « primo-arrivant » dans
le jargon — se comporte très mal en classe. Tandis qu'on ne pourra pas forcément toujours dire la même chose
de son cousin né en France quelques années plus tôt... Conclusion : du moment qu'elles ne les éduquent
pas en France, les familles (étrangères ou non) éduquent très bien leurs enfants ! Eh oui, le constat fait très mal,
pour notre amour-propre de Français... Alors comme ça, le problème viendrait en fait surtout de nous ? Eh bien il faut
croire que oui quand on s'aperçoit que les mêmes, qui se comportent mal en France, auront tendance à se comporter
beaucoup mieux dans d'autres pays... C'est bien la preuve que notre politique du laisser-faire nous fragilise de
plus en plus. LE plus gros des problèmes de notre école en France — les mauvais comportements d'élèves —
est donc moins à rechercher du côté des familles que du côté des institutions françaises.
A cet égard, le site Etat de droit a depuis longtemps pointé du doigt nos
Bulletins Officiels de l'Education Nationale
dont le niveau de laxisme et de permissivité est probablement unique au monde.
Cessons donc de vouloir toujours rechercher la faute chez le voisin. L'école a sa part de responsabilité
dans ce que beaucoup d'observateurs de l'éducation en France appellent : un désastre... Avant d'accuser les autres, sachons
balayer devant notre propre porte.
Ce qui signifie bien sûr, dans la bouche de ceux qui le clament, que c'est forcément mauvais et à rejeter...
Pour Etat de droit, ce type « d'argument » est doublement contestable :
— d'abord parce que ce n'est pas vrai au sens où les
propositions de réforme développées
par le site Etat de droit ne nous feraient PAS revenir à
des temps anciens qui ont, en effet, laissé quelques mauvais souvenirs [un prochain et nouveau témoignage démontrera
encore ce premier point] ;
— ensuite parce que ce type d'anathème, qu'il repose ou non sur un semblant de vérité, présuppose surtout que
la marche du progrès humain serait forcément linéaire, comme si ces équivalences simplistes du « passé = moins bien
» et du « présent = mieux » se vérifiaient toujours... Mais si c'était le cas, depuis le temps que l'Homme
existe, nous serions tous au paradis partout sur Terre depuis des millénaires ! En réalité, l'Histoire des Hommes nous
prouve que les Hommes n'apprennent pas grand-chose de leur Histoire et que la marche du progrès humain ressemble beaucoup
moins à un faux plat montant qu'à des montagnes russes... Survivre en 1917 en Europe n'était sans doute pas mieux que de
vivre en 1907. Crouler sous les bombes en 1942 ou 1944 n'était sans doute pas mieux que de vivre en 1925. Toutes les
civilisations connaissent des apogées puis des déclins. Dans un registre moins tragique mais préoccupant, étudier en
France à l'école primaire ou au collège en 2008 n'est pas forcément plus enthousiasmant qu'il y a 30 ans. Cet argument
anti-passé pour servir l'idéologie anti-sanction, c'est un peu la béquille qui soutien le déambulateur.
2006-2009 © Etat de droit / Jean-Yves Willmann