Etat de droit
L'édito du 30 octobre 2007
Cela fait longtemps qu'Etat de droit
dénonce certains effets contreproductifs de la
Convention des droits de l'enfant, et surtout,
les conditions dans lesquelles
elle fut « approuvée » puis présentée : d'une part pour le côté parfois nuisible du texte et de ses
vulgarisations, d'autre part en raison du grand carnaval que constitua la soi-disant signature d'un grand nombre de
pays, qui apposèrent dans le même temps les plus grandes réserves à l'égard de tous les articles qui déplaisent...
On aura noté la supercherie : quand un pays signe puis ratifie une convention internationale, ou y adhère, on voudrait
espérer qu'il tâchera de mettre ses règles internes en conformité avec cette convention ; or, c'est fréquemment l'inverse
qui se sera produit. Les pays qui bafouent le plus les droits essentiels des enfants ont relégué la Convention loin
derrière leurs propres lois, ratifiant dans les faits leur propre législation.
Dans ces circonstances, où fut l'utilité de se réunir en grande pompe ? D'abord on adapte, ensuite on adopte ; on enlève
tout ce qui gêne et puis on approuve ! Qu'est-ce que les enfants du monde eurent à y gagner ? Toute cette mascarade,
cette prodigieuse hypocrisie, a-t-elle empêché l'indicible tragédie du Rwanda ? Les massacres impliquant des enfants
en armes (au Libéria, au Congo ou ailleurs) ? Les exactions de toutes sortes, sur tous les continents, à l'abri des
caméras ? Le développement de conditions de vie exécrables dans des orphelinats turcs ? La pratique de l'excision
(y compris chez nous) ou autres coutumes qui ne nous conviennent pas ?… NON.
Hélas, le récent rapport du Bureau International du Travail — sur le travail des enfants dans 4 pays —
ne fait que confirmer l'inutilité d'un texte dont la motivation première semble s'être limitée à un affichage compassionnel
de plus...
Dans ce rapport, le BIT mentionne entre autre que de jeunes enfants et notamment les filles
doivent porter de lourdes charges de pierre, dans une poussière suffocante, exposées à des
vibrations constantes, au bruit et à des substances chimiques toxiques telles que le mercure. Sans
parler des cas de prostitution imposée ou autres abus en tous genres. Le BIT précise que la charge de travail
imposée à ces jeunes filles peut atteindre 10 à 12 heures par jour. Et bien sûr la plupart d'entre elles
n'ont aucune chance d'aller à l'école.
On ne manquera pas d'être consterné d'entendre l'une des expertes au Programme international pour l'abolition du travail
des enfants nous expliquer : une mauvaise compréhension du problème se traduit par une action insuffisante ET
les filles ne bénéficient pas des allocations ni de l'aide sociale que délivre le programme.
En attendant, nous sommes en 2007, soit 18 ans après la Convention internationale des droits de l'enfant (1989). 18 ans,
en général, c'est la majorité. Mais pour ce qui est de cette Convention, nous en sommes visiblement encore très loin.
En attendant, Etat de droit rappelle que si cette Convention internationale des droits de l'enfant n'apporte guère de protection aux enfants qui dans le monde en auraient le plus besoin, elle aura eu en revanche de réels effets négatifs dans nombre de pays occidentaux — en particulier en France — comme cela a déjà été souligné.
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J-Y Willmann © Etat de droit depuis 2006