Gaël
Inscrit le: 17 Sep 2008 Messages: 5
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Posté le: 22 Oct 2008, 7:25 pm Sujet du message: Au sujet de mon témoignage |
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Bonjour,
Je vous remercie d'avoir pris la peine de répondre à mon témoignage. Je rejoins largement votre analyse.
Dans le cas de l'école privée qui nous concerne, la violence n'est heureusement pas quotidienne et il y règne encore une très bonne ambiance entre parents/parents et parents/professeurs. Mais le fait que même là il y ait eu des difficultés me laisse imaginer ce que cela doit être dans certaines écoles. Bien que je me penche en premier sur le sort de mes enfants, je compatis également pour tous les enfants qui souffrent du manque de discipline qui règne globalement dans l'Éducation Nationale.
Je voudrais également ajouter qu'une plus grande autorité avérée (c'est à dire avec sanction) serait profitable à tous, aux petits "tyrans" comme aux plus fragiles.
- Aux petits "tyrans" d'abord parce que leur calvaire serait moins long. En effet, prendre le parti d'expliquer, c'est la garantie de devoir dire les choses et de les redire. C'est la garantie de passer une temps infini à essayer de dépister la cause du soucis, à en trouver d'éventuelles solutions, à expliquer à l'enfant pourquoi ce qu'il fait est incorrect, à lui suggérer un autre comportement etc... Tout cela va prendre beaucoup de temps et l'enfant devra subir de nombreuses réprimandes sans que jamais cela ne soit vraiment efficace. Une sanction plus sévère serait peut-être plus désagréable sur le moment pour le petit "tyran" mais son comportement changerait très probablement beaucoup plus rapidement et il pourrait mettre en pratique plus promptement de meilleures habitudes.
- Profitable aux plus faibles également car n'oublions pas qu'il est de notre devoir de les protéger. Refuser de sanctionner le comportement des petits "tyrans", c'est leur donner un blanc-seing pour se défouler sur les plus fragiles et non pas sur nous. Donc la fuite de nos responsabilités ne nous en coûte pas directement mais d'abord aux petits camarades : en classe parce qu'ils ne peuvent pas suivre les cours de façon sereine, et dans la récréation parce qu'ils ont peur. Bien évidemment, "petits tyrans" se veut un terme sympathique pour désigner les turbulents récalcitrants.
S'agissant de la discipline, je me suis aussi rendu compte que le discours des équipes enseignantes tend à vouloir responsabiliser l'enfant en lui faisant comprendre les tenants et les aboutissants du règlement intérieur en supposant qu'une fois que l'enfant aura compris les règles, il les appliquera. Mais ce principe nie fondamentalement le caractère de l'enfant en ceci que l'enfant ne peut pas tout comprendre. Par exemple, lorsqu'on lui parle de respect réciproque ou quand on lui explique qu'il faut se taire sans quoi le professeur ne pourra pas faire son cours, tout cela part d'une bonne intention et fonctionnerait - peut-être - si l'enfant était un adulte, mais pour lui âgé de 7 à 10 ans, la notion de respect est extrêmement confuse et il se moque pas mal que le professeur fasse son cours ou de le fasse pas ! Il pense davantage, et c'est normal, à s'amuser. Donc le respect de l'adulte et le silence ne sont pas à expliquer mais à imposer. Il en va de même pour les problèmes de violence, l'enfant n'imagine pas les conséquences gravissimes que peuvent avoir un coup de pied ou une bousculade dans les escaliers, c'est pourquoi il faut lui interdire sous peine de sanctions lourdes et pénibles. D'ailleurs, prendre l'habitude d'expliquer toutes les règles à un enfant, c'est risquer de se voir répondre "pourquoi ?" à chaque fois qu'on lui impose quelque chose. Cela lui semble normal puisqu'on lui a fait croire qu'il pouvait tout comprendre et qu'on était susceptible de tout lui expliquer. Dorénavant, il ne veut plus obéir s'il ne saisit pas exactement les tenants et les aboutissants de la demande, et ce dès le CP.
Une courte remarque au sujet des origines de la politique anti-sanction :
Je pense que la politique anti-sanction est en partie inspirée par la génération Dolto car elle consiste en ceci : si l'enfant fait quelque chose de répréhensible, c'est qu'il a envie de faire comprendre quelque chose à quelqu'un et qu'il faudrait donc trouver ce que l'enfant essaye de dire, ainsi le problème serait résolu. En gros il faudrait que la maîtresse s'improvise également psychologue. Pure illusion à mon sens. S'il y a bien quelques cas d'enfants difficiles qui requièrent une attention particulière que le bon sens de tout un chacun suffit à identifier, je crois qu'il faut simplifier les relations enfants-professeurs, plus celles-ci seront simples, plus elles seront faciles à gérer.
Gaël |
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Etat de droit Administrateur
Inscrit le: 02 Oct 2006 Messages: 87
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Posté le: 29 Oct 2008, 1:23 pm Sujet du message: Re: Au sujet de mon témoignage |
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Bonjour, je suis globalement bien d'accord avec ce que vous dites. J'irais même un peu plus loin que vous sur ce point :
Gaël a écrit: | S'agissant de la discipline, je me suis aussi rendu compte que le discours des équipes enseignantes tend à vouloir responsabiliser l'enfant en lui faisant comprendre les tenants et les aboutissants du règlement intérieur en supposant qu'une fois que l'enfant aura compris les règles, il les appliquera. Mais ce principe nie fondamentalement le caractère de l'enfant en ceci que l'enfant ne peut pas tout comprendre. (...) |
Même s'il comprend qu'il a fait une bêtise, en quoi est-ce une assurance que l'enfant fautif ne va pas recommencer ?
Contrairement à ce que disent les défenseurs du Discuter-Négocier-Comprendre (les adeptes de l'idéologie anti-sanction), d'après moi, la compréhension et la (non-)réitération d'un acte fautif sont des processus tout à fait distincts, non nécessairement liés !
J'ai tenté d'expliquer ici ma vision de la transgression à l'école (et de la transgression en général). J'en résume la teneur : transgresser consiste à enfreindre les règles en en ayant conscience, en toute connaissance de cause !
Par conséquent, lorsqu'un enfant est dans une logique de transgression (phénomène normal, banal, sain en soi puisqu'il est naturel et constructif que l'enfant cherche à s'affirmer), se contenter de vouloir le lui faire comprendre, c'est-à-dire lui confirmer ce qu'il sait déjà SANS le sanctionner, c'est l'empêcher de terminer son processus de transgression...
On lui dit : "attention, tu es en train de transgresser", en croyant que cela va l'arrêter, alors que c'est justement là son objectif !
Tandis que la sanction, elle, au sens véritable du terme (quelque chose de désagréable et/ou contraignant), a une toute autre vertu : elle indique à l'enfant qu'il est parvenu au bout de son processus de transgression, c'est-à-dire à ce moment désagréable de la sanction qui prouve a posteriori qu'il a bien accompli une transgression.
La transgression suivie de la sanction, c'est comme un essai transformé. Le drame de notre époque, c'est que nous ne savons plus transformer les essais, des essais, des appels que les jeunes d'aujourd'hui produisent donc en pure perte... |
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