Etat de droit
[23 mai 2008]
Proposition S1 Proposition complète
Pourquoi
Pourquoi
?
?
Que se passe-t-il
quand un pays qui s'est vu livrer des armes françaises ne rembourse pas sa dette ? Trois conséquences :
— l'entreprise d'armement qui aura vendu ces armes se sera immédiatement enrichie,
l'Etat français les lui ayant payées en attendant que l'Etat client le rembourse ;
— l'Etat français se sera appauvri puisqu'il ne sera finalement pas remboursé ;
— et bien sûr les armes auront pu servir et faire de nombreuses victimes dans les
régions qui les auront reçues, aspect secondaire pour ceux qui vendent les armes mais qu'il convient de rappeler...
Le bilan n'est donc pas uniquement négatif pour les populations qui se seront entretuées avec nos armes : contrairement
à ce que l'on croit, le bilan est également négatif pour le contribuable français. Les seuls qui
obtiennent un avantage (pécunier), ce sont bien sûr les vendeurs d'armes.
Pourquoi aborder d'emblée
l'aspect économique des ventes d'armes ? Certains, par exemple, seront opposés à toute vente d'armes par principe,
surtout lorsqu'elles sont à destination de pays en voie de développement, et ne voudront même pas entendre parler
d'aspects économiques. Il n'est pourtant pas toujours inutile de les rappeler. L'un des principaux arguments
avancés par ceux qui livrent des armes dans les régions à risque consiste à dire en gros : si ce n'est
pas nous qui les vendons, ce sont nos concurrents ; donc autant nous enrichir, nous ! Oui mais voilà :
lorsque le pays destinataire de nos armes ne nous les rembourse jamais, ce ne sont que quelques Français qui
s'enrichissent tandis que la France, elle, s'appauvrit. L'argument ci-dessus perd donc
toute sa consistance et il est important d'en informer les Français, particulièrement soucieux de leur pouvoir d'achat.
Quel est en fait le ménanisme qui permet de leurrer la plupart des électeurs ? 1. Des armes
sont « vendues » et l'on va pouvoir présenter une amélioration de la balance du commerce extérieur
car on y intègre le produit de la vente d'armes, même si l'argent n'est pas encore rentré dans les caisses...
2. Lorsque le pays débiteur utilise nos armes et s'appauvrit, il ne peut plus (ou ne veut
plus) respecter les échéances ; sa dette va donc grossir, grossir... 3. ...jusqu'à ce que
la France, dans un « élan du cœur », annule cette dette purement et simplement ! Bien sûr,
entre la première étape et la troisième, il peut se passer de nombreuses années. On aura commencé par faire
croire à une bonne nouvelle commerciale. On se sera ensuite montré « généreux ». Alors que la
réalité est toute autre : des populations auront été victimes de nos armes, qui par ailleurs ne nous
auront jamais été payées. Ce genre de tour de passe-passe est plus fréquent qu'on ne le pense.
Le cas de l'Irak est
très significatif : nous lui avons « vendu » beaucoup d'armes ; puis l'Irak s'en est beaucoup servi
(il y eut de l'ordre d'un million de morts au cours de la guerre Irak-Iran dans les années 1980...) ; puis,
assez récemment, nous lui avons annulé sa dette à l'égard de la France. Et nous pourrions bien sûr en dire
autant des nombreuses livraisons d'armes françaises vers l'Afrique, qui ne font que précéder — avec
certes quelques décennies d'écart — les annonces tonitruantes d'annulation de la dette de ces pays.
Dans ces cas-là, que les choses soient bien claires : de « ventes » il n'y a
point eu ! Ce sont des livraisons d'armes GRATUITES que la France aura concédées à des chefs d'Etat
ayant pris le pouvoir par la force (dans la plupart des cas) ; et au profit de qui ? Des seules entreprises
françaises qui auront livrées ces armes, payées par le contribuable français qui aura donc
perdu beaucoup d'argent, quand d'autres auront perdu la vie.
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J-Y Willmann © Etat de droit depuis 2006